Consultation

XXI, folios:167 168
Charles IX
M. de Gordes
Lettre 1114:XXI-167 168
04/09/1573
Montélimar
Paris

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Reçue à Montélimar, le 14 septembre 1573.

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Monsieur de Gordes, jay faict mon edict de pacification en intention de mectre

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mes subgectz en repoz et les dellivrer des vexations de la guerre. Toutesfois,

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je suis adverty que mon pauvre peuple ne laisse d’estre affligé et opprimé

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aultant que jamais par plusieurs compagnies de gensdarmes et autres

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soldatz et gens de guerre à pied qui tiennent les champs, vont, rodant

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le pays et font des maux et extortions innumerables soubz couleur de se

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retirer en leurs maisons, dont je suis très deplaisant ; et d’aultant

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plus par ce quil semble que la licence a prins telle habitude et auctorité

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ou que la negligence soit telle que personne singère d’y remedier, comme si

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tout estoict habandonné et à la discretion des meschans, chose qui me poise à

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bon droict tellement sur le cœur et mest si importante que je ne seray

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jamais content que il ny soict pourveu comme il appartient ; au moyen de quoy

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je vous prye, daultant que vous desirez me faire service agreable, d’embrasser

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lexecution de ma volunté en cest endroict, aultant que la raison, mes commandements

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et le debvoir vous y obligent, et faire faire commandement très exprès à cry

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public par tous les lieux et endroictz de votre gouvernement à ce faire

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accoustumez, à toutes lesdites compaignies de mes ordonnances, gens de pied et

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aux gens de guerre, de se retirer incontinant en leurs maisons et demeurer

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sur peyne de la vye ; et où après ladite publication il sy en retrouverra

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encores quelques ungs sans adveu par les champs, les faire prandre

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et punir très rigoureusement ; et pour le regard des compaignies qui

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passent d’ung lieu à autre, par mon commandement et pour mon service,

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comme pour changer de garnison, se retirer en leurs maisons ou pour autres

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causes dont ilz feront apparoir ; silz vivent autrement quilz ne doibvent,

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rançonnent et pillent mon pauvre peuple, comme la pluspart sont

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accoustumez de faire à mon très grand regret, je vous prie en faire faire exemplaire

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chastiment de manière que cella puisse tenir en pollice les autres au

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soulagement de mondit pauvre peuple ; et affin que nulle compaignie puisse

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entrer en votre gouvernement sans que vous en soyez adverty, comme il advient

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assez souvent, que les premières nouvelles que lon a delles viennent des

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extorsions et pilleries quelles font, quil soict, par ladite publication,

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deffendu à toutes compaignies, tant de cheval que de pied, de mectre le

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pied et singerer d’entrer en votre dit gouvernement sans premierement vous en

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avoir adverty, affin que le chemin quilz auront à tenir passant en icelluy,

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leur soict par vous prescript, ou le lieu de leur garnison silz sont ordonnez

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pour cest effect, commectant quelqu’un au près de chacune, tant pour les conduire,

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prandre garde à leur manière de vivre, que pour leur faire administrer ce qui

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leur sera de besoing ; davantage, que il soict ordonné aux prevostz des

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[167 v°] mareschaulx des lieux se mectre à leur queue pour faire justice de ceulx qui

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le meriteront et faire droict à qui il appartiendra. Si ce sont compaignies

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qui ne doibvent que passer, quand elles approcheront ung autre gouvernement,

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celluy que vous aurez mis à la conduicte dicelles ne fauldra d’en

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advertir le gouverneur et lieutenant general dicelluy affin quil lels envoye

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recevoir ; pareillement, me manderez les noms des compaignies et de celluy

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qui y commandoict et comme elles auront vescu. Cest ordre estant bien

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gardé, j’estime quil sera bien facille de reprimer les insolences qui

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règnent. Par quoy je vous prye, sur tout que desirez me contenter, de les faire

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garder comme il appartient, de mode que, me reposant sur vous de ce

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faict puisque vous en ay mandé mon intention, je soye asseuré que mondit

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pauvre peuple ne sera plus vexé ny opprimé en votredit gouvernemment

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comme il a esté jusques icy et que je n’en aye plus de plainctes. Priant

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Dieu vous avoir en sa saincte garde. Escript à Paris le IIIIe jour de septembr

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1573.

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Charles

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De Neufville

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